Evenement au Festival d'art russe: sur le plateau du théâtre Debussy, l'orchestre Tchaïkovski de Moscou, puissante formation symphonique d'élite capable des nuances les plus inouïes. Au pupitre, le chef Vladimir Fedoseev, maestro russe de grande renommée et de haute culture. Son idée de marier la musique à la parole en alliant le roman “Guerre et Paix” aux musiques de Beethoven, Prokofiev et Tchaïkovsky avait tout à fait sa place en ce 10e anniversaire du Festival d'art russe à Cannes.

Car, dans le chef-d'œuvre de Tolstoï s'entrecroisent l'Histoire de la Russie et celle de la France, au temps des guerres napoléoniennes. C'est donc une somptueuse fresque bien découpée musicalement et littérairement qui s'est déroulée, dans le bruit et la fureur des combats, sur fond d'histoire d'amour. La langue russe, si musicale était portée par deux voix superbes: Mikhaïl Philippov, du Théâtre Maïakovski et Daria Moroz, du Théâtre MHT Tchékov. Beethoven, avec sa III-e Symphonie héroïque, dite “napoléonienne”, c'est la captivante conquête du pouvoir et de Moscou; Prokofiev, avec son dramatique opéra “Guerre et paix”, ce sont les états d'âme de Koutousov vaincu et de Napoléon se trouvant devant un Moscou conquis mais vide; Tchaïkovsky, enfin, c'est la très cocardière “Ouverture 1812” – qui oppose à l'heure du désastre de l'armée française, les deux thèmes adverses: “la Marseillaise” – et – “Dieu sauve le Tsar!”. Enthousiasme du public et deux “bis” flamboyants.

Aurore Busser
Nice-matin (27.08.07)

10.10.2007

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